Cette visualisation des mots les plus fréquents met en lumière quelques dimensions majeures : les arts, l’attachement au Québec, la musique, la dimension humaine, l’importance de la représentation. 

Il en ressort que c’est la dimension d’identité collective de la culture qui revient le plus souvent. La culture est « une façon de faire ou de vivre propre à un pays ou une nation », ce sont « nos habitudes de vie, des rituels, la façon dont on s’exprime en général. »

Ceux qui se sentent représentés :

• Apprécient la diversité des expressions culturelles au Québec.
• Se reconnaissent dans les artistes et les œuvres québécoises.
• Sont fiers de la culture québécoise.

Ceux qui ne se sentent pas représentés :

• Souhaitent une meilleure considération et inclusion des jeunes.
• Désirent plus de diversité culturelle et de traditions.
• Revendiquent une place plus active dans les débats et décisions.
• Sont plus souvent des Montréalais et des membres de groupes minoritaires.

Les résultats du sondage nuancent les discours alarmistes sur le désintérêt des jeunes pour la culture québécoise.

D’autres études et points de vue sont nécessaires pour mieux comprendre les liens entre les jeunes et la culture.

Accessibilité

Des travaux précédents sur la participation culturelle des jeunes et la citoyenneté culturelle des jeunes, notamment ceux menés par Christian Poirier et ses équipes, ont pu montrer combien la question de l’accessibilité est importante pour assurer l’engagement des jeunes dans des pratiques artistiques et activités culturelles. 

• 62 % des répondants estiment que les conditions d’accessibilité sont satisfaisantes.
• 33,2 % des répondants estiment que les conditions d’accessibilité ne sont pas satisfaisantes.

Raisons invoquées pour l’insatisfaction :

• Coûts trop élevés (57,8 %)
• Manque d’informations (55,7 %)
• Manque de temps ou horaires non adaptés (46,4 %)
• Éloignement des lieux culturels (46,3 %)
• Offre culturelle non adaptée (30,9 %)

Points importants :

• L’accessibilité est un enjeu important pour la participation des jeunes à la culture.
• Les obstacles à l’accessibilité sont multiples et variés.
• La région n’a pas d’influence majeure sur la perception de l’accessibilité.

Si la majorité des jeunes Québécois estiment que les conditions d’accessibilité à la culture sont satisfaisantes, une minorité importante rencontre des obstacles qui les empêchent de participer pleinement à la vie culturelle. Il est important de continuer à travailler sur l’amélioration de l’accessibilité à la culture pour que tous les jeunes puissent en profiter.

En français et au Québec

Deux questions visaient à comprendre si la langue et l’origine de la production culturelle avaient une importance pour les jeunes interrogés. 

Le oui est largement en tête pour l’importance de la langue française (66,4 %). 

Il faut noter que les personnes répondantes étaient de jeunes francophones (98,3 %), le sondage et la campagne n’étant qu’en français.

Les résultats de cette question se révèlent très proches des réponses sur le français, avec cependant davantage de « non » et davantage de personnes ne s’étant pas prononcées. On peut affirmer que la majorité des jeunes ayant répondu ont à cœur la culture québécoise francophone.

Nous avons opté, dans notre approche, pour une séparation entre ce qui relève des pratiques artistiques, soit ce que l’on fait, joue ou produit, et des activités culturelles, soit ce à quoi on assiste, qu’on regarde ou écoute.

Nous cherchions à connaître les pratiques artistiques des jeunes interrogés. La musique et le chant (45,9 %) ainsi que le dessin (45,6 %) sont très présents. Suivent la création littéraire, pratiquée par près d’un tiers des jeunes (31,9 %), la danse (27,3 %), la photographie (24,5 %), l’ensemble des arts plastiques (20,8 %) puis, à égalité ou quasi-égalité, le théâtre (17 %), la création numérique (17 %) et les arts de la parole (16,7 %). Seuls 10,5 % n’ont aucune pratique.

Il était demandé de déterminer les activités culturelles aimées, et non la fréquence de celles-ci dans leur vie. Pour cette question, plusieurs choix étaient possibles. Voici, par ordre d’importance, les activités préférées des jeunes :

1. L’écoute de musique : 84,3 %
2. Les films au cinéma : 64,5 %
3. Les films et séries en ligne : 63,5 % 
4. Les concerts : 55,3 % 
5. La lecture : 49,1 %

Les jeunes personnes ayant répondu à cette question représentent un groupe engagé dans des pratiques artistiques et affichent un haut taux de polyactivité. En effet, au-delà de la moitié de ces jeunes ont trois pratiques artistiques et plus, tandis que 10,6 % en entretiennent six et plus.

Quinze pour cent (15 %) aiment dix types d’activités culturelles ou plus. 

Pour cette question, plusieurs choix s’avéraient possibles :

• 63 % des jeunes ont découvert leurs activités (ou une partie de leurs activités) par eux-mêmes.  
• Un duo bien connu en sociologie des pratiques culturelles se présente ensuite : l’école (54,5 %) et la famille (41,8 %).  
• Puis, on retrouve les cours spécialisés (33,6 %) et les ami.e.s (31,5 %).  
• La découverte en ligne (26,7 %) arrive en dernière position. 

L’implication des adultes dans la découverte des arts demeure primordiale. Cependant, près des deux tiers de ces jeunes ont développé leurs pratiques artistiques en autonomie ou en quasi-autonomie.

La question étant à choix multiples, la majorité des jeunes mentionnent plusieurs sources de découverte, notamment parce qu’ils pratiquent plusieurs activités artistiques. La médiane se situe à trois points de contact de découverte des pratiques. Il y a donc plusieurs sources qui sont mobilisées, selon les intérêts et les opportunités.

Cette question comportait des choix multiples.

Une fois l’activité artistique commencée, les contextes de pratique évoluent; on constate notamment que les jeunes s’autonomisent.

• Les pratiques artistiques se font majoritairement seul.e (63,1 %). 
• Cependant, si les adultes conservent un rôle dans la transmission, ce sont les ami.e.s que l’on retrouve dans les pratiques partagées (52,9 %), près de deux fois plus que la famille (24,6 %). 
• Les autres passionné.e.s comptent pour 33,1 % montrant l’importance sociale de la pratique artistique.

La majorité mentionne plusieurs groupes de personnes avec qui les activités se font, notamment parce qu’ils pratiquent plusieurs activités.

Toujours dans ce contexte d’individuation et d’autonomisation, c’est surtout dans les espaces personnels qu’a lieu la pratique d’activités artistiques (72,4 %).

• Les institutions d’enseignement suivent pour près de la moitié des jeunes (47,8 %). 
• Les lieux dédiés à la pratique comptent pour 39,9 %.
• 16,7 % des répondant.e.s se produisent dans des lieux publics. 
• On retrouve ensuite minoritairement les autres lieux (chez les ami.e.s, en ligne, etc.). 

L’environnement scolaire a donc une importance majeure pour le développement des jeunes dans le cadre de leurs pratiques artistiques.

La pratique en ligne est très minoritaire. 

66,4 % des jeunes indiquent partager activement leurs goûts.

Les jeunes sont nombreux à lier identité collective et intérêts personnels dans leur définition de la culture. Le lien entre ces deux dimensions se réalise par le partage qu’expérimentent les deux tiers des répondant.e.s. Le partage est un autre élément important dans l’évolution de l’adolescence au niveau culturel; c’est un moment de présentation de soi, un temps d’échange avec les autres, par les objets culturels que l’on trouve pertinents, intéressants, qui nous parlent ou qui nous attirent.

Lorsqu’ils sont partagés, les goûts et découvertes le sont surtout avec :  

• Les ami.e.s (61,8 %)  
• La famille (50,2 %) 
• Et minoritairement avec d’autres passionné.e.s (26,3 %)

Le partage des intérêts et des passions des jeunes avec leur entourage est un enseignement important quant au concept sociologique longtemps perpétué, celui de la transmission se réalisant du haut vers le bas, des adultes vers les enfants et les adolescents. Cela constitue une nuance et non une contradiction, avec la découverte des pratiques artistiques transmise sensiblement par des adultes et des institutions.

• La discussion en personne est le mode principal de partage (62,8 %). 
• La discussion en ligne suit avec 33,8 % des répondant.e.s 
• Le partage de liens numériques concerne 25,6 % des répondant.e.s.
• Seul.e.s 6,5 % créent et partagent des listes de suggestions.

Ces informations nous montrent donc que la dimension sociale est plus importante que la circulation d’objets culturels, numériques ou non. Les jeunes se soucient donc beaucoup plus de la communication instantanée et directe, du temps partagé avec l’autre, mais pas forcément de la prescription et de l’influence. Ces enseignements sont en adéquation avec les formes de définitions de la culture proposée par les jeunes qui insistent particulièrement, nous l’avons vu, sur la culture en tant que lien social et outil de construction individuelle.

Cette question comportait des choix multiples.

• Se divertir est placé en première position des réponses (67,6 %). 
• S’exprimer compte pour 59,4 %.
• Se relaxer, gérer le stress ou l’anxiété arrivent également en haut de la liste (58,7 %).

Bon nombre d’autres raisons diverses sont indiquées par 20 % à 50 % des jeunes, comme la rencontre de nouvelles personnes ou l’amélioration de la concentration.

Cette question comportait des choix multiples.

• Se divertir est placé en première position (86 %).
• Apprendre de nouvelles choses est invoqué (63,4 %).
• Se relaxer, gérer le stress ou l’anxiété arrivent également en haut de la liste (63,9 %).

Les jeunes ont en très large majorité sélectionné plusieurs choix, permettant de souligner l’importance de ces activités dans leur vie. Ils et elles identifient des effets complémentaires aux pratiques artistiques et aux expériences culturelles.

Les jeunes utilisent plusieurs plateformes culturelles régulièrement; la majorité mentionne utiliser entre trois et cinq plateformes. Seul 1,4 % des personnes interrogées n’en indiquent aucune, un chiffre qu’il faut mettre en perspective avec le recrutement principalement réalisé par les réseaux sociaux numériques.

Les plateformes les plus citées sont, par ordre d’importance : 

• YouTube (78,9 %) 
• Netflix (77,5 %)
• Spotify (64,5 %)  
• Disney Plus (50,8 %)

Notons que YouTube est une plateforme permettant à la fois l’écoute de la musique (chef de file sur ce marché au Canada), mais aussi des tutoriels, des contenus vidéo spécifiquement créés pour la plateforme ou des contenus d’archives. 

Les autres plateformes captent une audience plus ciblée. Notons aussi que celles-ci sont accessibles uniquement sur abonnement.

Du côté des médias sociaux numériques, le palmarès est : 

• Instagram (78,1 %) 
• TikTok (68,6 %)  
• Snapchat (54,6 %) 
• Fait étonnant : on retrouve Pinterest à 47,8 %, ce qui s’explique par la forte proportion de jeunes filles dans les répondant.e.s

Comme pour les plateformes culturelles numériques, les jeunes utilisent plusieurs médias sociaux numériques, entre trois et plus pour la majorité.

Les outils de messagerie les plus utilisés par les jeunes : 

• Facebook Messenger est très en avance avec 74,1 %.
• Snapchat (62,8 %) suit.
• Instagram (59 %) arrive en troisième position.

Instagram et Snapchat semblent réussir à convertir leur rôle de média avec celui d’espace de communication interpersonnelle. Au total, la compagnie Meta capte la majorité des échanges en ligne pour les répondant.e.s entre Whatsapp, Messenger et Instagram.

Il est particulièrement intéressant de souligner que l’espace numérique (plateformes, médias sociaux, outils de message) occupe une place importante dans les usages, mais apparaît rarement comme essentiel dans les définitions et indices donnés par les jeunes sur leurs rapports avec la culture.

Du côté des outils de messagerie, on voit également une propension à mobiliser plusieurs canaux (deux ou trois en majorité).